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Good Morning England

Le 06/04/2009 à 10:33
Par
Notre avis
8 10

Avec sa galerie de personnages irrésistibles, ses situations cocasses à mourir de rire, sa bande-son à tomber par terre et son final en apothéose, Good Morning England, nouveau film de Richard Curtis est une véritable bouffée d'air frais en ce début de printemps. Entre Presque Célèbre et M.A.S.H., ce bateau qui rock envoie du lourd et nous replonge avec nostalgie dans une époque où le rock'n'roll n'était pas encore cette industrie du cool tant décriée par le grand Lester Bangs.


Critique Good Morning England

Ce n'est pas Philippe Manœuvre qui nous contredira si nous affirmons qu'au cœur des années 60 en Angleterre, c'était l'âge d'or du rock et de la pop-rock. Les Stones, les Who, les Kinks, les Animals, les Yarbirds et bien les sur les Beatles caracolent en tête des charts et font danser le Royaume sur des riffs endiablés et des mélodies entêtante. Pourtant, malgré un engouement populaire hors norme, le rock reste aux yeux du gouvernement Britannique une musique dépravée pour chevelus et drogués, une mode comme une autre dont on doit vite ne plus entendre parler. Même "les pierres qui roulent" n'amassent pas les masses, la BBC refusant de diffuser leurs tubes sur leurs ondes. Pourtant, un anglais sur deux écoute du rock à la radio. Comment est-ce possible ? Tout simplement grâce à quelques antennes pirates émettant depuis les eaux internationales de la mer du Nord et qui diffusent du gros son 24h/24. Parmi elles, Radio Caroline, sur laquelle sévit une bande d'allumés qui vivent en autarcie sur un chalutier au large de Suffolk et qui prennent un malin plaisir à faire se déhancher - en toute illégalité - les gracieux sujets de sa majesté la reine sur un son iconoclaste. Nouveau film de Rihard Curtis (Love Actually), Good Morning England (The Boat That Rocked en VO) raconte l'histoire de cette radio pirate (rebaptisée pour l'occasion Radio Rock) et des dégénérés qui en ont fait sa renommée.

 

Critique Critique Good Morning England

 

Succession de saynètes drolatiques mettant en scène cette brochette de loufdingues, Good Morning England se déguste dans sa première moitié comme une agréable série télé dont on pourrait s'enchainer plusieurs épisodes à la suite. On y découvre au rythme d'une playlist de radio rock les occupants de ce fameux bateau et la mise en place du petit jeu "à la Bip-bip et Coyote" qui s'installe entre ces derniers et le gouvernement anglais (personnifié à l'écran par un Kenneth Branagh en ministre conservateur hilarant). Et la mayonnaise monte parfaitement puisqu'en l'espace d'une poignée de minutes et à l'aide d'une astuce scénaristique héritée de Presque Célèbre de Cameron Crowe - avec lequel Good Morning England partage beaucoup de points communs dont celui de présenter cet univers à travers les yeux d'un jeune néophyte - on aura accepté et on aura été accepté par une bande de bras cassés comme on en avait pas vu depuis M.A.S.H.. Philip Seymour Hoffman est Le comte, la star américaine de la radio. Bill Nighy est Quentin, le capitaine du navire. Rhys Ifans est Gavin, l'ex-vedette qui fera son come-back à bord de Radio Rock. Et puis il y a aussi Chris O'Dowd et Katherine Parkinson (vus dans The IT Crowd), Rhys Darby (Yes Man, Flight of the Conchords), Nick Frost (le compère de Simon Pegg dans Shaun of the Dead et Hot Fuzz), Tom Wisdon (300) et Ralph Brown (Alien 3) jouant des personnages aussi extravagants que Wee Small Hours Bob, Angus The Nut ou Midnight Mark. Entre eux se crée une alchimie unique qui fait mouche à tous les coups, d'une part grâce à une complicité palpable des comédiens et d'autre part à la qualité d'écriture de Curtis. Ceux qui avaient été rebutés par le côté parfois "trop appuyé" de Love Actually pourront se rassurer : c'est là un Curtis plus en subtilité qui a réalisé ce film, laissant souvent la musique parler à la place des comédiens. Car oui, même si les personnages dépeints ici sont géniaux, même si le casting est grandiose, c'est bien le 4ème art qui a la part belle dans Good Morning England.

 

Critique Critique Good Morning England

 

En effet, passée cette première moitié introductive et délirante, Good Morning England bascule vers une partie plus consciente, abordant le véritable sujet du film à savoir le pouvoir de la musique et plus particulièrement le pouvoir du Rock, à l'époque symbole puissant de l'esprit contestataire. La nécessité de ce dernier dans la vie de tous les jours est d'ailleurs parfaitement illustrée à l'écran par la multiplication de plans de quelques secondes nous montrant le peuple anglais scotché derrière leur radio, à l'écoute des élucubrations de ces animateurs pirates, les seules personnes au monde capable de leur fournir cette dose de liberté que veut interdire un gouvernement vieillissant. Mais comme le chantait Neil Young : "Hey hey, my my, rock'n'roll can never die". Le message du film est finalement dévoilé à travers un plaidoyer lancé par Philip Seymour Hoffman, au cœur d'un final rocambolesque monté sur un enchainement musical de génie (A whiter shade of pale de Procul Harum, Won't get fooled again des Who, Father and son de Cat Sevens, Night in white satin de Moody Blues, Wouldn't it be nice des Beach Boys) : "vous pouvez toujours essayer de nous faire taire, mais le Rock, lui, sera toujours là". Plus qu'un message, une déclaration d'amour pour Richard Curtis, qui nous livre avec Good Morning England le plus beau des hommages à la plus belle des musiques. Cela fait quarante ans que le rock doit mourir, mais il est toujours là.

 

Bill Nighy beuglant un "Rock'n'roll" sauvage, il faut le voir pour le croire. C'est pourtant la dernière image de Good Morning England, avant que son générique de fin (sublime, une succession de pochette d'album rock sortis ces quarante dernières années) ne commence sur Let's Dance de David Bowie. Un mec de soixante balais qui crie "Rock'n'roll" comme un gamin, voilà donc une image qui résume assez bien ce film. Le rock n'a pas d'âge, il est éternel. Mieux, il est invincible. Et si vous cherchez encore une raison d'aller voir ce film, on vous en donne vingt : The Rolling Stones, The Kinks, Dusty Springfield, Procul Harum, The Who, Leonard Cohen, Cat Stevens, The Beach Boys, The Moody Blues, The Supremes, Jeff Beck, Van Morisson, The Yarbirds, Otis Redding, Cream, The Small Faces, The Seekers, The Troggs, Paul Jones et Jimi Hendrix.

 

Critique Critique Good Morning England








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