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Le Bon, La Brute et le Cinglé

Le 24/05/2008 à 17:31
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Notre avis
2 10

Le bon, la brute et le cinglé se résume par un constat déroutant : un bond de géant en arrière par rapport à Bittersweet Life ! Le petit côté poseur, voire « Besson », que l'on pouvait reprocher au précédent film (pourtant très bon) de Kim Ji Woon est omniprésent ici. A cela, se rajoute une photo dans les intérieurs digne de la laideur du Deuxième souffle, des fusillades complètement illisibles, deux acteurs totalement transparents (mais le troisième, Sung Kang Ho, est toujours aussi formidable), des gags déjà vus mille fois et une bande son tarantinesque mais tellement chargée qu'elle en devient insupportable. Quelques éléments fonctionnent tout de même ponctuellement, mais les grosses longueurs viennent achever ce film attendu et le consacrent comme une déception totale.


Critique Le Bon, La Brute et le Cinglé

Kim Ji-Woon, réalisateur coréen du très bon Bittersweet Life, revient derrière la caméra avec ... un western ! Sur le papier, tout est prometteur : le film reprend le concept du Bon, La Brute et le Truand de Sergio Leone, en remplaçant le troisième par un personnage « bizarre » (« Weird » en anglais dans le titre). L'histoire ? Dans les années 30 en Mandchourie, trois as de la gâchette se lancent à la recherche d'une carte qui mènerait à un trésor enfoui dans le désert.


Critique Le Bon, La Brute et le Cinglé

 

On savait que Kim Ji Woon aimait les cadres léchés, les photographies propres et les mouvements de caméras en longueur, ce qui lui valait un petit côté « poseur » finalement pas très gênant. Deux sœurs avait plus que partagé, A Bittersweet Life séduisait par son mélange de mélancolie, d'action et d'humour. Le projet d'une histoire opposant un héros de type romanesque, un tueur psychopathe et un troisième larron à la dégaine bizarre annonçait un film prolongeant le plaisir éprouvé dans le précédent, qui plus est que celui-ci était annoncé comme un western ! Le résultat est malheureusement bancal, voire proche du désastre.


Critique Le Bon, La Brute et le Cinglé

 

En voulant rendre hommage à Sergio Leone, on aurait presque l'impression que Kim Ji Woon s'est trompé de cible et a plus visé Les Larmes du Tigre Noir, film thaïlandais délirant (mais insupportable) sorti il y a quelques années. Le mauvais goût est en effet à la fête, de la photographie assez laide, aux deux premiers rôles principaux qui n'ont de cow-boy que le costume. Il faut en effet se pincer pour reconnaître Lee Byung-Hung, héros charismatique de Bittersweet Life, dans le rôle ici d'une Brute d'une fadeur sans nom. Si on devait résumer rapidement le concept de western spaghetti, on le qualifierait de rassemblement et confrontation de clichés. C'est exactement ce que fait le réalisateur ici, en s'arrêtant malheureusement à la superficialité des personnages alors qu'un Leone les exploite et les confronte jusqu'à la moelle, tirant de chacun une saveur unique. C'est aussi la recette du succès des films de Tarantino, dont le réalisateur reprend ici le concept de bande-originale généreuse, à l'image des fusillades et du nombre de balles tirées. Mais cela ne suffit pas ! Qu'importe les gags rajoutés, qu'importe les mouvements de caméras audacieux, qu'importe les clins d'oeils surtout lorsqu'ils sont aussi bien appuyés : la sauce ne prend pas. Non content d'enchaîner les longueurs, Le Bon, La Brute et le Cinglé est un film totalement gratuit, dont le montage et l'histoire alignent les scènes, les musiques, les dialogues sans se soucier du grotesque et de la laideur qu'un tel amas peut provoquer.

 

Critique Le Bon, La Brute et le Cinglé

 

« Le trop est l'ennemi du bien » dit-on, mais si les films généreux dans leur volonté de divertir peuvent s'avérer être de superbes réussites, n'est pas Michael Bay qui veut. Enchaîner à tour de bras et engouffrer autant de « plaisirs » pour les neurds dans deux heures de film implique une maîtrise encore plus grande que lorsqu'on réalise un drame intimiste. Et Kim Ji Woon n'est pas ce réalisateur, ou du moins ne l'est plus puisque dans un genre plus sérieux mais tout autant source de plaisir, Bittersweet Life était profondément plus réussi.


Critique Le Bon, La Brute et le Cinglé

 

Evidemment Le Bon, La Brute et le Cinglé renferme quelques qualités. A commencer par la prestation de Song Kang-Ho (Memories of Murder, Sympathy for Mr Vengeance, Secret Sunshine, The Host), toujours aussi impeccable, drôle, inquiétant, décalé et aux dialogues savoureux. Même si on commence à avoir l'habitude et que ses scènes ressemblent à un best-of de son CV, voire trois plans enchaînés sur les trois héros laisse comprendre la différence de prestance qu'il creuse avec ses deux collègues.

 

Alors oui, Le Bon, La Brute et le Cinglé est un film généreux. Mais un mauvais. Une sorte de cacophonie laide, mal pensée, mal fichue et très mal équilibrée comprenant évidemment quelques instants amusants, mais au bout du compte qui tape sur notre système nerveux.

 







Le Bon, la Brute et le Cinglé

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