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OSS 117 : Rio ne répond plus

Le 17/03/2009 à 18:01
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Notre avis
7 10 Si ce nouvel épisode des aventures de l'agent secret français suscitait les attentes les plus folles, OSS 117 : Rio ne répond plus remplit très honorablement son cahier des charges. Plus que jamais à son aise dans le costume du héros, Jean Dujardin retrouve le mélange irrésistible de bêtise, de candeur décalée et d'élégance surannée qui caractérise le héros, usant et abusant de ses expressions hilarantes et jouant avec le verbe grâce à des dialogues savoureux d'audace. Certes, le film n'est pas exempt d'une certaine surenchère qui dénote d'une conscience trop forte du statut culte du personnage. Mais les gags s'enchaînent avec une énergie et une générosité telles qu'il est difficile de ne pas se laisser conquérir. Le secret de Michel Hazanavicius ? Faire rire tout en proposant un vrai film de cinéma, une comédie d'espionnage très soignée dans son écriture et sa mise en scène. Du cinéma populaire français comme on aimerait en voir plus souvent.

Critique OSS 117 : Rio ne répond plus

Hubert Bonisseur de la Bath alias OSS 117 est de retour pour une nouvelle mission ! Après le succès de OSS 117 : Le Caire, Nid d'espions qui avait attiré plus de 2,2 millions de spectateurs en salles en 2006, une suite des aventures de l'agent secret français s'imposait. Pas seulement pour des raisons commerciales mais aussi parce que l'association entre Michel Hazanavicius et Jean Dujardin avait fait des étincelles, conférant à cette relecture du célèbre héros une dimension culte instantanée. Au passage, OSS 117 : Le Caire, Nid d'espions réconciliait les fans et les détracteurs de l'acteur, alors associé dans les esprits aux répliques d'un certain surfeur blond. Cette fois, OSS 117 s'envole pour le Brésil où il va devoir s'associer au Mossad pour coincer un dangereux criminel nazi réfugié sur place. Trois ans après, la magie du premier opus est-elle intacte ? La réponse est globalement oui puisque OSS 117 : Rio ne répond plus accomplit une double performance, celle de restituer l'esprit du précédent film sans pour autant se complaire dans une répétition paresseuse de la formule qui avait fait son succès.

 

Critique OSS 117 : Rio ne répond plus

 

Le premier élément de satisfaction est de retrouver notre héros tel que nous l'avions quitté, à savoir toujours aussi bête, macho, raciste, mais aussi terriblement attachant en dépit des inepties qu'il débite de manière incontrôlable. Avec la même verve et la même candeur que dans Le Caire, Nid d'Espions, Jean Dujardin affirme plus que jamais le style et l'attitude de son personnage, atteignant un tel naturel dans son phrasé qu'on croirait que l'espion fait littéralement partie de lui. Si l'épisode précédent se déroulait en 1955, Rio ne répond plus plante cette fois son décor au Brésil à la veille de 1968. L'Histoire a fait son œuvre, la condition des femmes a évolué, la jeune génération veut changer le monde, et notre héros qui n'y comprend strictement rien paraît donc subitement avoir plusieurs métros de retard, pour notre plus grand plaisir. De ce décalage émerge une succession de situations hilarantes au cours desquelles l'agent se rend insupportable auprès de ses collaborateurs sans même s'en rendre compte, proférant notamment quelques énormités sur le nazisme devant des confrères israéliens. Plus malin qu'il en a l'air, le scénario de Jean-François Halin et Michel Hazanavicius recèle plus d'un niveau de lecture. Rio ne répond plus peut ainsi s'apprécier au premier degré comme une comédie décomplexée et ancrée dans l'Histoire du cinéma, sorte de parodie tendre des films populaires des années 60 - les références sont légion, à Cary Grant, à Belmondo (L'Homme de Rio, bien sûr) et même aux films de Seijun Suzuki. Le film peut aussi se déguster comme la critique pertinente d'une certaine France qui s'accroche envers et contre tout à des valeurs dépassées, la bonne foi du héros forçant tellement la sympathie qu'il est susceptible de s'attirer les faveurs de tous les publics.

 

Critique OSS 117 : Rio ne répond plus

 

Encore plus explicite que Le Caire, Nid d'Espions dans son propos, Rio ne répond plus enchaîne les gags avec une rare énergie et sans aucun temps mort, si ce n'est peut-être une très légère baisse de régime au moment de la résolution des enjeux. L'agent se voit par ailleurs donner la réplique par une galerie de seconds rôles réjouissants, à commencer par sa partenaire Dolores, l'actrice Louise Monot réussissant l'exploit de trouver le ton juste sans jamais devenir ni la potiche ni la moralisatrice qu'elle aurait pu être. Cela dit, ce que la franchise gagne en unité grâce à un scénario plus cohérent, elle le perd un peu en spontanéité, cet opus possédant un peu le travers de tous les seconds, à savoir une tendance à la surenchère. Ainsi, Jean Dujardin nous gratifie jusqu'à plus soif des postures parodiques légendaires de l'agent, au risque de paraître un peu trop conscient des procédés qui ont fait son succès - même s'il faut admettre qu'il exécute ces attitudes avec toujours autant de brio. En revanche, la présence accrue de scènes d'action constitue un bon point pour le film. Non seulement l'insouciance du héros face au danger déclenche toujours autant l'hilarité, mais le film ne perd jamais de vue ce qui fait le charme de son univers, préférant aux dérives spectaculaires la mise en place de situations incongrues, notamment un affrontement impressionnant entre OSS 117 et un catcheur masqué qui doit bien faire le double de son poids.

 

Critique OSS 117 : Rio ne répond plus


A l'arrivée, si le premier opus reste indétrônable, ce "second" n'en demeure pas moins un divertissement de haute tenue et maintient la barre très haut, ne serait-ce que sur le plan cinématographique. En effet, Michel Hazanavicius semble avoir compris ce que nombre de ses confrères français peinent encore à saisir, à savoir que divertissement ne saurait rimer avec médiocrité artistique. La mise en scène de OSS 117 : Rio ne répond plus conserve le niveau de précision du premier film, soutenue en cela par un travail visuel chiadé atteignant parfois des sommets d'esthétisme, notamment lors du climax nocturne. Pour cette raison, le film de Michel Hazanavicius force le respect puisqu'il parvient à combiner qualité formelle et cinéma populaire avec une maîtrise comparable à celle des productions hollywoodiennes, tout en proposant une forme de divertissement à la française totalement unique en son genre.







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