Tellement proches

Le 27/05/2009 à 08:08
Par Michèle Bori

Notre avis

5 10

Trois ans après l'excellent Nos Jours heureux, le tandem Toledano / Nakache revient avec Tellement Proches, film sur la famille qui, tout comme son aîné, fleure bon le vécu et la nostalgie. Hélas, malgré une volonté de recréer à l'écran ce qui faisait le charme de leur précédente sucrerie, Toledano et Nakache ne parviennent qu'à de trop rares occasions à impliquer le spectateur dans ce qui s'apparente plus à un gros clin d'œil à leur famille respective qu'à une véritable peinture à la portée universelle. Au final, si les personnages dépeints ici sont bel et bien proches, le spectateur de son côté l'est beaucoup moins. Il en est même loin ... tellement loin.

Dire que l'on attendait le retour derrière la caméra d'Eric Toledano et d'Olivier Nakache, solide tandem à l'origine de la délicieuse surprise que fut Nos Jours heureux en 2006, relèverait clairement de l'euphémisme. Véritable bouffée d'air frais venue égayer l'été de plus d'un million et demi de spectateur, Nos Jours heureux avait séduit en réussissant à se poser comme une petite madeleine de Proust pour tous ceux qui avaient un tendre souvenir de quelques grandes vacances passées en colo'. Trois ans après, Toledano et Nakache tentent à nouveau de faire marcher la fibre nostalgique en proposant avec Tellement Proches un film sur la famille, cherchant à rappeler que dans tous les cercles familiaux, au-delà de la différence et des petites tensions de tous les jours, il y a de l'amour.

Hélas, si la peinture proposée ici ne manque pas d'originalité et de scènes hautes en couleurs, elle échoue à faire ressentir au spectateur que ce dernier pourrait aussi être concerné par les déboires de cette brochette d'hurluberlus. A travers le regard du personnage de Vincent Elbaz (également narrateur du film), l'oeil extérieur est supposé passer outre les apparences dévoilées dans une première séquence indigeste et se prendre d'affection pour cette famille "qui pourrait être la notre". Malheureusement, cette famille n'est pas la notre, et malgré une bonne volonté palpable et une sincérité de tous les instants, nous ne nous sentirons jamais vraiment touchés par ces protagonistes, sans doute trop pensés comme des clins d'œil aux familles des réalisateurs (à qui le film est d'ailleurs dédié) et pas assez comme de véritables personnages de cinéma. Et à l'instar d'Omar Sy dans le film, parachuté dans cette histoire malgré sa volonté, le spectateur se verra un peu trop souvent exclu du paysage... et il aura presque envie de laisser cette smala régler ses affaires dans son coin, sans se mêler de choses qui ne semblent pas le concerner. Le difficile équilibre entre "message universel" et "situations vécues" parfaitement trouvé dans Nos Jours heureux ne se retrouvera au final que lors des cinq dernières minutes du film - plus efficaces et touchantes que le reste du métrage - et l'on ressortira de Tellement proches avec l'étrange sensation d'avoir participé à un repas de famille auquel nous n'étions pas conviés. C'est bien dommage, car le menu était appétissant.