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Brüno

Le 12/06/2009 à 13:15
Par
Notre avis
9 10

Sacha Baron Cohen renouvelle l'exploit et va même plus loin que Borat ! Bien plus loin. En analysant avec sa finesse légendaire le comportement des Américains face à la célébrité, à l'homosexualité et ce qui peut lier les deux, le bonhomme nous livre une espèce de coup de boule d'une génialissime vulgarité. Pousser les extrêmes pour en dégager d'autres, mettre les gens face à leur connerie en leur posant une main sur la cuisse : voilà une vraie déclaration de paix, la bite en avant, à une époque où tout le monde se fait la guerre le froc baissé. Personne n'y avait pensé, et on ne peut pas dire qu'on n'aime pas sans avoir essayé !


Critique du film Bruno avec Sacha Baron Cohen

''De toute manière, dans le Showbizz, c'est tous des pédés !'' essaie de nous asséner un ignorant adage populaire, histoire de réconforter étrangement le mal-être de l'anonymat. Comme s'il l'avait entendu, Sacha Baron Cohen joue une fois encore avec les clichés pour jouer et rire de la peur de l'autre et se rendre compte que, finalement, la soi-disant étroite relation entre la popularité et l'homosexualité n'est pas si évidente. Bien décidé à s'acharner sur les mœurs conservatistes américaines après en avoir déjà mis une couche sérieuse avec Borat, l'anglais le plus borderline de l'histoire se lâche comme jamais. En décidant d'aller loin, très loin, immensément loin, il nous accouche d'une simili fiction-réalité qui dépasse absolument tout. Nos espérances, d'abord (c'est clairement du Borat puissance 10) et surtout les limites de la bienséance histoire de prendre le pouls social actuel, dans le pays le plus développé du monde. En tout cas le résultat transcende la simple notion de l'humour : on jubile carrément, à la fois hilare par l'hystérie de ce qui se déroule à l'écran, subjugué par l'audace et fasciné par le propos fondamental qui se cache derrière toute cette perverse gaudriole. Le triple effet Brüno.

 

Critique du film Bruno avec Sacha Baron Cohen

 

Nous sommes en terrain connu, le contenant est clairement le même que celui de Borat : un personnage extravagant correspondant à tout le contraire de l'Américain moyen, introduit par un univers hypra caricatural, soudainement balourdé dans le monde réel. Celui des flippés devant l'incongruité, pour mieux révéler une part de xénophobie plus ou moins revendiquée, mêlant poussivement le documentaire d'investigation et la romance poussive. Dans le cas présent, une histoire d'amour, dans un monde de brutes... Et les brutes, Brüno va en côtoyer à tour de bras, au fur et à mesure qu'il essaiera de creuser son trou aux États-Unis, en essayant de monter sa propre émission people qui le rendra célèbre, après s'être fait dégagé manu militari de son Autriche natale pour incompétence journalistique. Pour cela il devra gérer sa personnalité extravagante et son irrascible appétit sexuel envers une gent masculine sur la défensive. Pour sûr, les acteurs et les anciens candidats aux présidentielles sont moins faciles que son ex, un petit Japonais avec qui il jouait sobrement avec des ustensiles tels qu'une bouteille de champagne ou un aspirateur sans fil (images à l'appui, évidemment)...

 

Critique du film Bruno avec Sacha Baron Cohen

 

La force de Borat était de jouer sur la méfiance des gens dans une Amérique post-11 septembre. Un aspect que transcende bien plus Brüno, puisque si un basané sera toujours regardé de travers sans heurt, histoire de ne pas révéler un racisme latent, personne ne cache son homophobie et il est de bon ton de casser de la folle à la moindre opportunité. Alors imaginez donc, une "tarlouze" qui a en plus la présomption de devenir célèbre, comme un mec normal : "mais où va-ton ?" ! C'est là que Cohen met le paquet, mêlant le tabou au fantasme de la popularité, en allant s'aventurer sur les plus dangereux des terrains. Une nuit avec des chasseurs, une autre chez des partouzeurs mélangistes amateurs, dans des talkshows histoire de défendre sa monoparentalité après avoir adopté un petit Africain qu'il trimbale à l'avant de son scooter, ou en allant carrément jusqu'en Palestine pour essayer lui-même de régler le conflit avec l'Israël.

 

Critique du film Bruno avec Sacha Baron Cohen

 

Une folie furieuse résolument poussive, cumulant des séquences plus hallucinantes les unes que les autres au service d'un propos qui reste finalement l'un des messages de paix les moins tartes et les plus intelligents que le cinéma ait pu livrer depuis bien longtemps. Le problème, le vrai, c'est qu'en allant jusqu'au bout de son délire, Cohen ne fera que confirmer les points de vue de chacun, sans demi-mesure possible destinée à ouvrir un temps soit peu les esprits. Les fans, open, dotés d'un vrai sens de l'humour seront conquis, tandis que les gros cons pas foutus de voir plus loin que le bout de leur nez crieront au sacrilège moral, éthique et probablement religieux. On ne sait pas vraiment à qui ça s'adresse, ni qui ça fera réfléchir ou changer d'avis, mais ceux qui se sentent concernés prendront un pied d'enfer...

 








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