Certaines oeuvres populaires (films, comics, jeux vidéo...) ont un tel impact sur leur public que celui-ci a inexplicablement besoin de se l'approprier entièrement. De l'invention de nouvelles aventures pour leur personnage favori (Chris Bouchard avec Hunt for Gollum qui reprend l'univers du Seigneur des Anneaux installé par Peter Jackson), à l'approfondissement d'un univers (la série Star Trek : Phase II), en passant par la rencontre de personnages emblématiques jamais destinés à se croiser dans l'industrie officielle (le très noir Batman : Dead End de Sandy Collora) ou même la recréation de toute pièce et à l'identique de l'objet de fascination, les entreprises de réappropriation sont nombreuses, diverses et variées. Alors qu'on ne compte plus le nombre de fan films fauchés et anonymes réalisés avec le camescope familial puis mécaniquement postés aux yeux de tous sur les plates-formes de vidéos en ligne, un ou deux films sortent parfois du lot de part leur ambition artistique ou nostalgique.


Bien avant toute la vague de sweding initiée par Soyez sympas, Rembobinez de Michel Gondry (un petit rappel sur ce qu'est le sweding ici), il y avait Raiders of the Lost Ark : The Adaptation. Co-réalisation entre Jayson Lamb, Chris Strompolos et Eric Zala, trois potes d'enfance fans de la première heure du premier volet des aventures d'Indiana Jones, The Adaptation est le fruit d'un désir fou de reproduire plan par plan l'intégralité du film de Steven Spielberg. Une entreprise colossale, conçue avec les moyens du bord et de longue haleine puisque le tournage s'est étalé sur pas moins de sept longues années, de 1982 à 1989, les trois fans ne pouvant se consacrer au projet que pendant leurs vacances d'été.

Pendant une dizaine d'années, une copie VHS de x génération circulait dans les milieux geek jusqu'au jour où le fan-boy Eli Roth (Cabin Fever, Hostel) mit la main dessus et la transmit à Harry Knowless (de Ain't it cool News) qui écrivit un article élogieux de l'objet ainsi que, honneur suprême, à Spielberg qui désira instamment les rencontrer. La presse (Rolling Stone, Vanity Fair, GQ...) s'arrache alors la petite bande pour des interviews et leur film aura en 2003 l'honneur suprême d'être projeté publiquement dans une salle de cinéma texane. Une histoire comme Hollywood les aime visiblement puisque Scott Rudin (No Country for Old Men, A Bord Du Darjeeling Limited) est décidé à produire pour Paramount un biopic sur leur expérience sur The Adaptation avec Daniel Clowes (Ghost World) à la plume.

Le champion toute catégorie de la réappropriation fanatique est sans conteste Star Wars, objet approché avec déférence, humour ou même pour certains poussés par un souci historique (retoucher les Editions Spéciales de Lucas afin de rétablir les éléments jugés révisionnistes). D'autres enfin approchent sous forme d'hommage l'univers de tonton George avec un regard plus inventif, l'intérêt de leurs créations étant de mettre en valeur de manière ludique leurs expérimentations esthétiques.


Dernier projet d'envergure autour de l'univers des guerres des étoiles, Star Wars : Uncut. Initié par Casey Pugh, le projet est simple : après avoir découpé le film en 473 morceaux de 15 secondes, l'Américain propose aux internautes de recréer l'extrait de leur choix comme ils le désirent. Façon home movie ou film expérimental, en animation, stop-motion, au second degré... l'approche est totalement libre. A l'heure où nous écrivons, la totalité des extraits a été attribué mais seuls une vingtaine ont été mis en ligne. Du stop-motion (techniquement assez impressionnant d'ailleurs, jugez par vous-même ci-dessous), un Star Wars façon Doctor Who, un autre avec des dialogues sur MSN, ainsi que d'autres façon home movie. Bien que celui-ci risque de ressembler à un insupportable gloubi-boulga (le film original dure tout de même 2h), nous restons malgré tout curieux de découvrir le résultat final.

Star Wars : Uncut - Scene 400