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Coco Chanel et Igor Stravinsky : Interview de Jan Kounen

Le 02/12/2010 à 19:00
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Coco Chanel et Igor Stravinsky : Interview de Jan Kounen Nombreux sont ceux qui sont passés à côté de Coco Chanel et Igor Stravinsky, le nouveau film de Jan Kounen sorti le 31 décembre dernier au cinéma. Et pour cause : le film est complètement passé sous le radar, n'attirant qu'environ 150.000 spectateurs dans les salles. Que s'est-il passé ? Pourquoi les spectateurs n'étaient pas au rendez-vous de ce film pourtant rempli de qualités ?

 

A l'occasion de la sortie du film en DVD et Blu-Ray, nous avons rencontré son réalisateur Jan Kounen, pour nous entretenir avec lui sur le film, les raisons de son échec, le Blu-Ray en lui-même et le format en général, pour parler de commentaires audio, de making-of, de direction d'acteurs, de ses prochains projets et de cinéma en général !

 

Coco Chanel et Igor Stravinsky : Interview de Jan Kounen

Jan Kounen avec Mads Mikkelsen

 

Il est impossible de commencer sans parler de l'échec du film au box-office... Est-ce que vous vous y attendiez ?

Pour être honnête, je ne m'attendais pas à ce que ça marche du feu de dieu. Tout d'abord le film n'est pas sorti sur un grand nombre de copies et la presse n'en parlait pas énormément. Mais surtout le film d'Anne Fontaine, Coco Avant Chanel, était sorti quelques mois plus tôt et l'histoire nous a toujours montré qu'un film sortant en deuxième sur un sujet perçu par le public comme le même, tant bien même qu'il soit en fait complètement différent, ne donne pas envie aux spectateurs de repasser à la caisse. Sans compter en plus qu'il y a eu également une série TV la même année... Tout ces éléments ont joué. J'avais beau expliquer à qui voulait l'entendre que ce n'était pas du tout le même film, qu'il lui était même complémentaire puisqu'il démarrait là où Coco Avant Chanel s'arrêtait, qu'on ne s'intéressait qu'à six semaines de la vie de Coco, que ce n'était donc pas un biopic mais l'histoire d'une passion brève et intense entre deux artistes, ça n'a strictement rien changé. Pourtant ce sont tous ces éléments qui m'ont attiré vers ce projet : c'est un film atypique et particulier. Donc oui, peu avant la sortie du film nous nous doutions qu'il ne marcherait pas autant que nous l'espérions. Au final, nous sommes passés inaperçus, la sortie du film n'a pas marqué. Au point que parfois des gens me demandaient quand sortait mon film et je leur répondais qu'il était dans les salles depuis trois semaines... Mais je pense que c'est un film particulier, qui n'est pas grand public et qui est loin d'être aussi large que peut l'être Coco Avant Chanel.

 

Il y a eu une compétition entre Coco avant Chanel et Coco et Igor pour sortir le premier ?

Bien sûr ! Je peux vous dire qu'Anne Fontaine a dû vraiment souffrir pour finir le film avant le nôtre ! Notre sélection en clôture du Festival de Cannes a précipité leur planning : si Coco Avant Chanel était sorti après le festival, on aurait parlé de notre film avant de parler du leur, ce qu'ils ne voulaient pas. De mon côté, j'ai dû adopter un rythme très speed au départ, mais une fois que les dés étaient jetés, j'ai vraiment pu finir le film sereinement.

 

Coco Chanel et Igor Stravinsky : Interview de Jan KounenCoco avant Chanel, de Anne Fontaine

 

Sans Coco Avant Chanel, votre film aurait eu plus de succès ?

C'est plus compliqué que ça. Dorénavant je ferais attention avant de me lancer dans un projet : s'il existe un autre projet similaire développé en parallèle, je n'ai nullement envie de me lancer à nouveau dans une course. C'est de la perte d'énergie. Mais en même temps, je dois vous avouer que si le film d'Anne Fontaine n'existait pas, je n'aurais sans doute pas pu faire le mien. Je m'explique : comme il y a eu une course entre les deux projets, on a été poussé à démarrer le tournage plus tôt que prévu, à accélérer la préparation, et à se lancer alors que le financement n'était même pas bouclé. Nous voulions évidemment finir avant Anne Fontaine ! Or nous avons commencé le tournage en septembre 2008... le mois où a éclaté la crise financière... Et il faut savoir que la crise a eu très rapidement des répercussions sur le cinéma, engendrant un très rapide effet boule de neige foudroyant sur le milieu. Certains financiers du film se sont désistés bien sûr en cours de tournage, mais le bateau était en mer, il était trop tard pour stopper le film. Si nous avions été encore loin de finir la préparation, que le bateau était encore à quai, le film ne se serait pas fait. Ce qui aurait été donc le cas sans la course entre le film d'Anne Fontaine et le mien. Donc peut-être que Coco et Igor a été un échec en partie à cause de Coco Avant Chanel, mais il existe aussi grâce à lui et j'en suis très heureux. Quelque part, pour ça, je dois les remercier !

 

On n'arrête pas de se focaliser sur la carrière du film en France, mais qu'en est-il à l'étranger ?

C'est justement là que sont les bonnes nouvelles. Je suis très surpris de son succès aux Etats-Unis (1,6 millions de dollars de recettes, ndlr), où c'est le film français qui a le mieux marché cette année. C'est d'autant plus satisfaisant qu'il s'agit d'un film en langue française et en langue russe ! Il y a quelques autres territoires où il a vraiment bien marché et il s'agit souvent d'ailleurs des territoires où le film d'Anne Fontaine n'était pas encore sorti ! Encore une bonne illustration du problème...

 

Coco Chanel et Igor Stravinsky : Interview de Jan Kounen

 

C'est peut-être caricatural, mais on pourrait dire que vous avez été haï pour Doberman et Blueberry, aimé pour 99 Francs et ignoré avec Coco Chanel & Igor Stravinsky. Quelle est votre analyse de tout ça ?

J'ai vraiment du mal à sentir les choses comme ça... Pour Coco & Igor par exemple, j'ai du mal à dire qu'il a été ignoré : nous avons été sélectionnés à Cannes, le film a beaucoup vécu à l'étranger, et beaucoup de journalistes qui n'aimaient pas mes précédents films ont écrit des jolies choses dessus. Et vice-versa d'ailleurs, certains qui m'aimaient bien pour mes autres films ayant moins aimé celui là. Alors oui, je peux comprendre cette vision, mais je ne le vis pas comme ça. Quand tu fais un film, d'abord tu analyses le regard de la profession et ensuite l'adéquation entre ce que tu fait et le public que ça touche, tout ça pour rester dans une sorte d'équilibre. 99 Francs a permis à la profession, c'est à dire les producteurs et les financiers, de se dire "Tiens, il a quitté ses sphères mystiques, il est revenu chez nous pour faire des films". Ce film m'a aussi permis de revenir faire un tour dans un monde que je connais bien, celui de la publicité. Pour Coco Chanel et Igor Stravinsky, il y a deux catégories de gens dans la profession : ceux qui ne l'ont pas vu - ils sont nombreux et le DVD va être l'occasion de rattraper ça - et ceux qui l'ont vu et qui ont constaté que j'étais capable de faire un film très différent de tout mes précédents. J'ai donc depuis reçu des propositions de films venant de producteurs qui avant ne se tournaient pas vers moi. En ce moment, le raisonnement dans la profession autour de mon nom est "Ce réalisateur peut donc faire des choses très différentes... alors pourquoi pas ça.". Depuis Coco & Igor j'ai donc reçu beaucoup de projets et surtout dans un spectre de genres beaucoup plus varié qu'auparavant. Je vis ça comme quelque chose de très positif : je n'essaye pas de développer un genre de films en particulier, mais de raconter des histoires atypiques. Et puis au final, en tant que cinéaste, je suis très content de mon film.

 

Coco Chanel et Igor Stravinsky : Interview de Jan Kounen

 

Des rumeurs annonçaient qu'il n'y aurait pas d'édition Blu-Ray de Coco & Igor.

C'est vrai. L'éditeur Wild Side Video a pris en compte que le public du Blu-Ray est encore restreint et que les prix de fabrication sont encore élevés : dans un premier temps, ils n'avaient donc pas prévu d'en sortir un étant donné le faible score du film au box-office. J'ai dû travailler à les convaincre d'en faire un quand même, en les persuadant à quel point c'était important pour moi, parce que c'est ce qui reste d'un film. Aujourd'hui quand tu fais un film, il reste au mieux 5-6 semaines en salles et après on ne peut le voir qu'en DVD. Or le DVD est tout de même loin de la qualité de présentation du film au cinéma, tandis que le Blu-Ray s'en rapproche beaucoup plus. Pour peu que l'on ait un bon écran et un bon projecteur, on retrouvera en Blu-Ray très fidèlement le travail du réalisateur et de l'équipe du film. Je travaille avec les différents éditeurs pour sortir mes films en Blu-Ray, comme avec UGC et TF1 sur celui de Blueberry.

Dans l'absolu un Blu-ray n'a pas besoin en plus d'être compliqué : celui de Coco et Igor est d'ailleurs assez simple dans le fond, même s'il y a beaucoup plus de bonus que sur le DVD, mais rien n'a été "produit" pour cette sortie. Je remercie Wild Side et tout ceux qui ont participé à la fabrication de ce Blu-Ray, pour l'effort fourni. Sans eux il n'existerait pas car ce Blu-Ray va à l'encontre de tout raisonnement commercial...

 

Les scènes coupées montrent encore plus à quel point le film est une toile d'araignée, un puzzle des sentiments des personnages. Comment leur retrait a été décidé ?

C'est toujours intéressant les scènes coupées. Après le premier montage, on se retrouve avec un film donc chaque scène a une fonction bien précise. Au début de Coco et Igor par exemple, il y a une scène où on voit Stravinsky et sa famille dans leur minuscule appartement parisien : on comprend donc qu'ils sont en exil. En l'état, cette scène sert à expliquer les origines du personnage. Mais en regardant ce premier montage, je me suis rendu compte que cette scène ralentissait le rythme de la narration, et qu'en plus les images de la guerre et celles d'Igor à Paris, que je mettais juste avant, suffisaient parfaitement à ce que le spectateur comprenne que ce personnage est en exil. Qui plus est, dans une des scènes suivantes, lorsque Coco lui propose de venir vivre chez lui, Igor dit mot pour mot qu'il a une femme et des enfants. Si à la base je voulais que le spectateur découvre au fur et à mesure la situation de ce personnage, je me suis donc rendu compte au montage que j'enchaînais du coup beaucoup trop d'explications. Il vaut mieux parfois jouer sur le registre de la sensibilité du spectateur : ce qu'il a vu lui permet de tirer la bonne déduction. Si au moment du tournage cette scène semblait donc indispensable, et qu'elle a beaucoup servi aux acteurs pour encore mieux situer leurs personnages, au montage elle devenait à l'évidence inutile car elle répétait ce que le spectateur avait déjà bien compris. Donc je l'ai coupé. D'autres scènes sont coupées car trop redondantes, trop informatives, ou simplement inutiles.

 

On dirait presque que couper des scènes vous plaît.

C'est vrai ! Vous allez avoir du mal à me croire, mais je coupe toujours le plus beau plan dans tous mes films. C'est toujours celui qui est le plus mis en scène, ce qui peut nuire au final. Dans Blueberry par exemple, c'était un travelling demi-compensé à la technocrane insensé que j'avais fait sur Temuera Morrison et le chaman : le résultat était très beau, très léché, mais il valait mieux finalement dans l'histoire qu'on ne le voit pas. Dans Doberman, j'avais fait un très long plan séquence dans la casse de voitures, que j'ai finalement coupé en une dizaine de bouts, parce que ça nous servait plus d'avoir un dialogue découpé. Tout ces décisions ne tournent autour que d'un problème : trouver l'essence d'une scène et d'un film. J'adore couper... Etonnant non ? Ca doit venir de mon expérience en publicité. J'ai souvent fait des pubs de une minute, que finalement on me demandait de réduire à 30 secondes : j'avais l'impression de les massacrer au montage... pour finalement souvent me rendre compte qu'elles étaient un peu mieux une fois réduites de moitié. J'ai vraiment appris à séparer l'affectif que j'ai pour les images que je tourne de leur utilité dans le film. Il faut savoir évacuer toute cette dimension émotive et ne pas hésiter à couper des plans qu'on a adoré tourner lorsque c'est nécessaire.


Coco Chanel et Igor Stravinsky : Interview de Jan Kounen

 

Dans le making-of de Coco & Igor, tout le monde, et principalement les acteurs, se "lâche" devant la caméra, comme si elle n'existait pas. Comment arriver à ce résultat là ? Est-ce que vous en tant que réalisateur, vous avez imposé cette caméra à tous ?

C'est toujours une question de rapport humain. Je tiens absolument à connaître personnellement la personne qui va se charger du making-of. C'est moi qui ait demandé à Régine Abadia de venir filmer, une réalisatrice de fictions et de documentaires pour la télévision, alors qu'elle voulait à la base surtout faire un travail de photographe. Du coup elle a été amenée à faire les deux, ce qui n'était pas forcément évident. Mais comme c'est une amie personnelle, elle a toute ma confiance : je sais qu'elle ne fera pas un documentaire où tout le monde se félicite, je sais qu'elle aura un oeil critique, et elle sait que je la laisserais faire son travail sans aucune contrainte. De toute façons je verrais le making-of plus tard, et s'il y a un vrai problème, je pourrais intervenir à ce moment là. Mais cette confiance que j'avais en elle, je l'ai expliqué dès le départ aux acteurs et à l'équipe. Ils l'ont donc laissé pénétrer l'espace du tournage sans problème. Bien sûr que moi ou les acteurs nous nous apercevons que nous sommes filmés. Mais on finit par l'oublier. Et c'est parfait, car le but d'un making-of n'est pas de montrer que c'est "sympa" de faire du cinéma, mais d'en montrer la réalité.

J'essaye depuis Blueberry que tous mes making-of aient une patte précise. Par exemple sur Blueberry, Anne Paris s'est chargé du making-of : c'était la bonne personne pour obtenir un résultat plus poétique, en contraste avec la taille du film, et pour capter ce qui nous a tous emporté dans le film. J'étais très content du résultat.

Julien Lecat était la personne parfaite pour le making-of de 99 Francs : je le connais depuis longtemps, il a été mon webmaster, j'ai suivi ses courts métrages, il a déjà fait des making-of comme ceux des films de Jean-Pierre Jeunet, ... C'était la bonne personne parce que c'est un créatif et qu'il fallait trouver une idée, un concept, dans l'esprit du film. Et pour Coco & Igor, je trouvais qu'il fallait capter la sensibilité des acteurs et que Régine était la bonne personne pour ça.

C'est toujours la même chose : je veux non seulement connaître le travail de la personne qui va se charger du making-of, mais aussi la connaître elle personnellement.

 

Il n'y a pas de commentaire audio sur Coco & Igor : vous auriez aimé en faire un ?

Bien sûr, mais nous n'en avons pas fait pour les soucis budgétaires dont je vous ai parlé avant. C'est dommage car j'en ai fait sur tous mes films et celui-ci s'y prêtait particulièrement. Mais s'il y avait un effort à faire financièrement, il valait mieux le concentrer sur l'existence du Blu-Ray.

Lorsqu'on est passionné de cinéma et qu'on veut devenir réalisateur, le commentaire audio est un outil pédagogique formidable, où on apprend plein de choses. Alors même si ça ne sert qu'à trois personnes, je me dis que ce n'est pas perdu. Evidemment je donne pas mal d'anecdotes, mais mon but est aussi de faire comprendre comment on en arrive à tel résultat, d'expliquer si c'était vraiment ce que je voulais ou non, ... Avant d'exercer ce métier, le moindre propos que j'entendais d'un réalisateur était très important pour moi, ça m'a énormément aidé. Certains making-of permettent évidemment ça.

 

A la fin du commentaire audio de 99 Francs vous donniez un code : si un auditeur vous envoyait un mail avec ce code, vous promettiez d'y répondre ! Vous avez tenu votre promesse ?

Parfaitement ! Et j'ai eu beaucoup de courriers ! Normalement je ne réponds pas à tout le monde, pour une question de temps, mais là je me suis tenu de le faire. Bon, pour certains j'avais une réponse type que je customisais, mais au moins je le faisais. Sur Coco et Igor, j'avais prévu quelque chose de similaire : je voulais dire à la fin du commentaire que le code à m'envoyer était le nombre de kilomètres que l'assistant avait fait avec son scooter, nombre que je donnais quelque part pendant le commentaire. Il avait fait 8000 bornes ! Bon, j'aurais encore reçu 300 e-mails... C'est sans doute un mal pour un bien, j'ai gagné du temps ! (rires)

 

Coco Chanel et Igor Stravinsky : Interview de Jan Kounen

 

Il y a un commentaire audio ou un making-of qui vous a marqué ou appris ?

Le making-of des Affranchis m'a libéré ! On voit à un moment tous les acteurs poser plein de questions à Scorsese, qui ne sait pas quoi leur répondre car il ne sait pas ce qu'il va faire. Et il reste tranquille. On dit souvent qu'un réalisateur doit avoir réponse à tout : c'est archi faux ! Je dirais même que c'est l'inverse : un réalisateur ne doit pas avoir réponse à tout. Chaque question peut être renvoyé à l'interlocuteur. Si le chef costumier vous demande "Comment tu veux ça ?" on peut lui répondre "Je ne sais pas, tu en penses quoi toi ?". Ensuite il faut filtrer ses propositions, son argumentation, et surtout être tranquille, serein, créatif et joyeux, plutôt que de se dire qu'il faut répondre à toutes les questions. Les réponses viendront toujours. Ca passe très bien quand Scorsese dit qu'il ne sait pas, parce qu'il ne panique pas : du coup les acteurs ne paniquent pas non plus. Et les problèmes sont résolus dans la bonne humeur.

 

Dans le making-of de Coco & Igor, on voit sur le tournage que vous n'avez pas du tout la même idée en tête qu'Anna Mougalis sur l'utilisation que Coco devrait faire d'une photo de son ancien petit ami décédé, et vous parvenez justement à une solution intermédiaire qui la contente.

On ne peut pas avoir une entière confiance envers ce que demande ou vous fait remarquer un acteur, car il ne possède que le point de vue du personnage, tandis que le réalisateur a le point de vue du film. Mais en même temps le réalisateur n'a pas le même rapport intime avec le personnage que l'acteur a, et il est donc impératif de l'écouter. Dans le cas de cette scène avec Anna, le but était de l'amener sur la meilleure émotion possible par rapport à ce qui se déroule, à ce qui s'est passé avant et à ce qui se passera après. Si Anna me dit "Mon personnage ne peut pas faire ça !", je ne dois pas me demander comment l'y amener mais je dois écouter ce que me dit son personnage à ce moment là et essayer de trouver une solution qui en tienne compte.

C'est quelque chose que j'ai appris en prenant des petits rôles dans mes films. A chaque fois, au moment de jouer, je me posais mille questions sur mon personnage, des questions que je ne me serais jamais posé en tant que réalisateur ! D'un coup, je me trouvais dans cette situation aberrante où je me posais plus de questions sur mon petit personnage que sur le héros du film. Ca m'aide à comprendre qu'un acteur vienne me voir en me demandant "Pourquoi j'ouvre la porte à ce moment là ?" alors que mon premier réflexe serait de lui répondre "Je sais pas, trouve toi tes raisons !". Un jour un metteur en scène m'a proposé un vrai rôle dans un de ses films, qui ne s'est finalement pas fait. Après avoir lu le script, je l'ai appelé pour lui poser des questions sur le personnage. Et en les lui posant, je me suis rendu compte que si un acteur faisait la même chose, je lui aurais répondu "Lâche moi, imagine ta propre histoire.".

 

Coco Chanel et Igor Stravinsky : Interview de Jan KounenPhoto de Régine Abadia, présente dans les bonus du Blu-Ray

 

D'où l'intérêt réciproque des acteurs qui passent à la réalisation ?

Exactement, je trouve ça super : en général ils deviennent beaucoup plus agréable à travailler par la suite. A moins bien sûr qu'ils pètent le carafon. D'un coup, ils ont compris ce que le réalisateur a comme responsabilité sur un film. Et je pense qu'un réalisateur ne peut comprendre un acteur qu'en se mettant dans sa peau de temps en temps.

 

Coco Chanel et Igor Stravinsky : Interview de Jan Kounen

 

Quel est votre prochain film ?

Je ne sais pas vraiment ! Je suis en train d'écrire une suite à 99 Francs qui s'appelle 99 Roubles. Je n'ai jamais voulu faire de suites à mes films, mais là c'est différent : Frédéric Begbeider a écrit une suite, intitulée Au secours pardon, dont je trouve que le sujet vaut vraiment la peine de réveiller Octave, de le ressusciter des tréfonds de 99 Francs en quelque sorte. C'est assez agréable. Pour l'occasion Frédéric Begbeider participe à nouveau au film, ainsi que Jean Dujardin bien évidemment. Le film n'est encore qu'à l'état de projet, en cours d'écriture, toujours produit par Alain Goldman pour Légende Productions.

Et sinon j'ai d'autres projets de films, qui avancent aussi, chacun différemment. Mais en fait mon occupation la plus concrète de ces derniers temps était un livre, "Carnets de voyages intérieurs", qui raconte toutes mes aventures que j'ai eu depuis dix ans avec les indiens d'Amazonie. C'est un livre de témoignages, intime, assez drôle, et avec beaucoup de cinéma dedans ! Il sortira en mars 2011.

 

Coco Chanel et Igor Stravinsky : Interview de Jan Kounen

 







Coco Chanel & Igor Stravinsky
Coco Chanel & Igor Stravinsky
Sortie : 1 Décembre 2010
Éditeur : Wild Side Video

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