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Soul Eater : Interview de Atsushi Ohkubo

Le 13/10/2009 à 08:21
Par
Interview Atsushi Ohkubo mangaka de Soul Eater

Lors du dernier salon du livre, qui se tenait du 13 au 18 mars 2009, Atsushi Ohkubo, le papa de Soul Eater, est venu à la rencontre du public français. A l'occasion de la récente sortie de l'animé et la publication du manga, nous avons pu obtenir une petite rencontre avec cet auteur à succès.


filmsactu.com : Quel est votre parcours en tant que mangaka ?

Atsushi Ohkubo : A l'âge de vingt ans, j'ai quitté l'université pour travailler dans le manga. Grâce aux contacts acquis durant mes études, j'ai pu travailler comme assistant sur le manga Get Backers pendant deux ans. En parallèle, j'ai écrit ma propre œuvre que j'ai envoyée à un concours organisé par l'éditeur Square Enix. J'ai gagné un prix, ce qui a permis à mon premier manga B1, qui comptait quatre tomes, d'être publié. Ensuite j'ai commencé la série Soul Eater qui est toujours en cours de publication au Japon.

 

Comment vous est venue l'idée de Soul Eater ?

D'un seul coup, comme ça ! (rires) En réalité, je ne pensais à rien de précis et c'est venu comme ça.

 

Interview Atsushi Ohkubo mangaka de Soul Eater

 

Quand on lit Soul Eater, on a l'impression de voir un mixage entre un film de Tim Burton et un clip de J-Pop. Quelles sont vos sources d'inspiration en tant que dessinateur ?

Je suis quelqu'un qui aime beaucoup la musique et j'écoute énormément d'albums. Je regarde aussi beaucoup de films. En ce qui concerne la musique, j'aime tout le rock des années 90, comme Nirvana ou Radiohead. Pour le cinéma, c'est Massacre à la tronçonneuse et tous les classiques de l'horreur. Pour ce qui est des mangas, mon influence principale est Dr Slump que j'ai lu énormément de fois. On ne peut pas dire que je suis un gros lecteur de manga. Quand j'étais petit, je ne lisais pas des mangas, je lisais Dr Slump (rires). Je suis content que vous ressentiez cela car c'est exactement ce que je voulais. Mon ambition graphique sur Soul Eater était de mélanger les influences japonaises avec un trait plus occidental.

 

Dans Soul Eater on retrouve le coté classique des shônen mais aussi des éléments plus humoristiques à la Dr Slump (soleil et lune personnalisés, la baffe de la mort) en plus trash. Avez-vous des limites lorsque vous imaginez vos histoires ?

Effectivement je me permets énormément de choses et je vais dans tous les sens. Mais il y a une chose que je garde toujours à l'esprit quand je dessine mes histoires : il faut que des enfants puissent aussi les lire. Il y a des jeunes lecteurs et lectrices qui vont lire Soul Eater et à partir de là on ne peut pas non plus faire n'importe quoi. Effectivement je vais parfois dans des voies très sombres ou grotesques. Mais je me limite malgré tout à ce que le lectorat un peu jeune ne soit jamais choqué par ce que je vais montrer.

 

Dans le manga, les personnages ont de forts caractères mais aussi de très gros défauts comme Kid avec la symétrie. Vous êtes-vous inspiré de votre entourage ou bien de vous-mêmes ?

De moi-même, j'ai énormément de défauts. (rire)

 

 

Interview Atsushi Ohkubo mangaka de Soul Eater

 

Ou trouve-t-on ses repères pour créer un univers fictif comme celui de Soul Eater ?

L'univers de Soul Eater est très riche. On ne s'en rend peut-être pas compte à la première lecture mais cette histoire se déroule dans notre monde à nous. Par exemple la Death City est située dans le désert du Nevada et toutes les aventures se déroulent sur Terre. Grâce à cela, je ne me perds pas dans mon univers.

 

Le character design de vos personnages est très fashion. Vous inspirez-vous de la mode de la jeunesse japonaise pour créer vos personnages ?

Il n'y pas de marque particulière qui m'inspire, mais je trouve mes idées en allant dans les magasins de vêtements, en regardant un peu les nouveaux modèles. Je puise mon inspiration dans les vêtements actuels que portent les gens.

 

Soul Eater est un succès, quel effet cela fait-il de voir son œuvre prendre une telle ampleur ?

Vous savez, le travail de dessinateur de manga c'est d'être assis toute la journée à sa table pour dessiner. Je ne me rends pas vraiment compte de ce que ça fait d'avoir quelque chose qui fonctionne. Me dire qu'un jour, rien qu'en dessinant à mon bureau, je traverserai la mer pour venir parler de mes livres à l'étranger, est une chose incroyable. Vous me demandiez ce que je ressens : pour moi, c'est fantastique.

 

Interview Atsushi Ohkubo mangaka de Soul Eater

 

Vous avez été assistant au début de votre carrière. Est-ce une étape importante pour devenir mangaka ?

Je pense qu'il est effectivement très important de passer par la case assistant lorsque l'on veut être dessinateur de manga. Tout simplement parce que les mangas au Japon sont fait d'une manière très particulière. Il faut absolument savoir comment est dessiné un manga avant de se lancer dans la production professionnelle. Si certains connaissent le sujet, personnellement je ne savais absolument rien lorsque j'ai débarqué. Il faut être assistant pour être sur place, pour comprendre dans quel ordre les choses se dessinent, quand utiliser telle ou telle technique. Quand j'étais assistant sur Get Backers, je voyais toutes les étapes, depuis la page blanche jusqu'à la version prête à être imprimée. Il y a énormément de choses à apprendre, comme l'utilisation de l'encre, des trames, qui ne s'apprennent qu'en étant assistant.

 

Avez-vous déjà d'autres idées pour l'après Soul Eater ?

Oui j'ai quelques idées mais pas suffisamment pour me lancer dans une démarche de création. Pour l'instant, je suis bien avec Soul Eater.

 

Avez-vous directement participé à l'élaboration de la série animée ou avez-vous juste défini un character design de base à l'adresse du studio Bones ?

J'ai très peu participé à l'animé, j'ai laissé l'entière liberté au studio. En période de pré-production il y a eu quelques rencontres pour discuter de l'orientation qu'allait prendre la série. La chose notable est que j'ai créé des personnages originaux pour les jeux vidéos dérivés du dessin-animé Soul Eater.

 

Quel furent vos impressions lorsque vous avez vu pour la première fois vos personnages s'animer ?

J'étais très heureux et j'ai trouvé cela très beau. Comme la réalisation est vraiment bonne, cela m'a véritablement ému de voir mes personnages bouger.

 

Interview Atsushi Ohkubo mangaka de Soul Eater

 

Comment vous est venue l'idée d'un Shinigami si décalé par rapport à ceux que l'on connaît dans des séries comme Bleach?

J'adore les films d'horreur, j'adore Jason qui est affreux mais qui est classe en même temps. C'est un peu de cela que je me suis inspiré pour créer mon maître Shinigami. J'ai voulu en faire un personnage un peu classe tout en restant populaire. Même si son apparence est assez effrayante, il reste quand même un personnage gentil, très ambivalent.

 

Que pensez-vous de la dématérialisation des supports ? Est-ce qu'à l'avenir le papier disparaîtra ?

Pour l'instant, au Japon, le livre est toujours au top par rapport au téléphone portable. Les gens continuent de respecter l'objet livre et tant que ce sera le cas, il ne disparaîtra jamais. Si cela devait arriver un jour, j'en serais particulièrement affecté.

 

Pouvez-vous nous dire quelques mots de votre première œuvre B-Ichi ?

Il s'agit d'un manga beaucoup plus japonais dans l'âme que Soul Eater. Déjà parce que l'histoire se déroule au Japon, dans un quartier qui ressemble un peu à celui où j'ai grandi. B-Ichi représente un peu tout ce que j'avais à dire à mes débuts.

 

Interview Atsushi Ohkubo mangaka de Soul Eater

 

Quelle technique utilisez-vous pour dessiner ?

Pour ce qui est des planches, je travaille avec de l'encre pour le tracé. Quant aux illustrations couleurs, j'avais l'habitude de faire les premières couvertures au feutre à l'alcool mais depuis quelque temps je fais toute la colorisation à l'ordinateur. Dans ce cas je dessine à l'encre, je scanne le dessins et je mets en couleur avec l'ordinateur.

 

Vous travaillez avec l'infographie et de manière traditionnelle, est-ce important pour un dessinateur professionnel de maîtriser ces deux techniques ?

Aujourd'hui il y a de plus en plus de dessinateurs japonais qui font tout à l'ordinateur mais je ne pense pas que cela soit une bonne solution. D'une part, parce que je suis nul en informatique et d'autre part, parce que je pense qu'il est important de garder la sensation du dessin sur papier. Effectivement, il est bien de maîtriser les deux approches, mais pour moi le tout infographique n'est pas une solution.

 

Avez-vous déjà en tête la fin de votre manga Soul Eater ?

Je sais déjà qui sera le dernier Boss dont la mort clôturera le manga. Mais je ne sais pas encore comment on arrivera jusqu'à lui.

 

Interview Atsushi Ohkubo mangaka de Soul Eater


On voit beaucoup de shônen s'étirer sur de nombreux volumes pour profiter du succès. N'avez-vous pas peur de faire la même chose et de délayer votre propos ?

Je fais très attention à cela. Je veille à conserver un univers cohérent, de cette façon je ne peux pas gagner du temps en envoyant mes personnages dans l'espace par exemple. Mon but est de faire quelque chose d'amusant. Si j'arrive à faire un combat en dix volumes qui reste attrayant, je le ferai. Mais c'est le plaisir du lecteur qui compte. Cela ne sert à rien de s'étendre à l'infini si cela n'apporte rien en termes de plaisir de lecture.

 

Vous qui avez été assistant, avez-vous également des aides pour suivre le rythme de publication pour les magazines ?

J'ai environ quatre assistants et demi, tous des hommes. Il faut dire qu'on dort tous sur place dans la même pièce... (rires). Le "demi" est quelqu'un qui vient m'aider sur la fin du bouclage. Avec cette équipe, tout est parfait pour suivre le rythme des prépublications. Si je prenais trop d'assistants, cela casserait le rythme car chacun viendrait me voir pour me demander ce qu'il doit faire sur telle page. Je passerais mon temps à donner des directives.

 

Quels sont les mangas que vous lisez en ce moment et les séries que vous suivez ?

Actuellement je lis et relis Yotsuba et Dr Slump. Pour les séries... Soul Eater (rires). Je regarde les séries quand elles passent, mais je les oublie et je ne les suis pas toutes les semaines.

 

Propos recueillis par Frédéric Frot

Remerciements à Grégoire Hello

 

Interview Atsushi Ohkubo mangaka de Soul Eater







Soul Eater 1
Soul Eater 1
Sortie : 9 Septembre 2009
Éditeur : Kazé

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