Preview : Monstres contre Aliens

Il était temps, presque dix ans après sa création, que le studio Dreamworks animation passe enfin à la vitesse supérieure. Après Kung Fu Panda, les premières images de Monstres contre Aliens que nous avons eu l'opportunité de découvrir ce matin même, en projection numérique 3D et en la présence du prolifique Jeffrey Katzenberg, viennent confirmer cette constatation. L'évolution concerne deux aspects. D'une part la fameuse 3D avec laquelle ce film ouvre le bal, mais surtout une démarche artistique qui dépasse de loin toutes nos espérances. Et oui le film s'annonce franchement bon ! C'est ce que nous annonçait fièrement Katzenberg lors de son petit discours en préambule à la projection, (jusque là, pas nécessairement très fiable) durant lequel il nous a ensuite vendu cette technologie. Un plan marketing bien emballé, pas d'une grande richesse informative (''avant, le relief c'était nul, maintenant c'est bien" etc...), mais finalement assez honnête et intéressante. Mais le plus important de cette petite réunion, outre le petit déjeuner, c'était bien évidemment la projection du film lui-même. Tout du moins de trois extraits.

Evoquons d'abord la 3D qui semble avoir été utilisée avec bon escient. A savoir sans trop de fioritures tape à l'œil, pas de types qui pointent leur doigt sur la caméra et sans trop d'effets gratuits. On privilégie ici la profondeur de champ, à tous les niveaux (de la moindre épaule de personnage en amorce jusqu'au paysage le plus lointain) ainsi qu'un suivit évident des mouvements de caméra qui prolongent la sensation d'immersion. On pense, par exemple, à un léger travelling sur une explosion fumeuse dont les projections lui donnent un aspect tentaculaire. Et les tentacules en question nous entourent plutôt efficacement... Bien évidemment, numérique à tous les étages oblige, c'est net, suffisamment bien lissé pour apprécier ce savant jeu de perspectives, même si et c'est un détail inhérent à tous les films que nous avons pu découvrir avec cette technologie, les déplacements d'objet assez vifs en avant plan accuse d'une saccade qui nous interpelle. Quelque chose auquel l'oeil doit s'adapter en quelques minutes, comme la plupart des démonstrations de ce type. En parlant d'habitude, l'atmosphère assez énergique du film finit presque par faire oublier l'utilisation de la 3D, ce qui est un compliment en soit, même si certaines séquences en profitent joyeusement. Dans ce cas précis, c'est une poursuite, vue de l'intérieur d'un Tramway fonçant à vive allure, qui arbore un petit côté Star Tour.

Tout ça, c'est sympa, mais ce n'est pourtant pas la plus grosse surprise. Non, ce qui nous épate franchement en fait, c'est l'aspect artistique du film lui-même qui semble bien loin de ce que le studio a pu proposer jusqu'à ce jour. Entre Shrek, Madagascar, Gang de requins et consort, le mâitre mot de la société privilégiait des produits à l'aspect le plus enfantins possible. Jusque là, ça s'est toujours limité à des allégories biens connes sur l'amitié et plein d'autres valeurs comme ça, vues à travers des animaux qui parlent. Un petit mépris du format animation qui semble en tout cas de côté ici puisque Monstres contre Aliens semble enfin vouloir faire du vrai cinéma, avec un univers, une histoire, une intrigue, et des personnages ! Ouep... Allons même plus loin, l'atmosphère générale de la chose n'est pas sans nous rappeler l'excellent Les Indestructibles de Brad Bird (par les voisins d'en face) à qui il emprunte une nostalgie cinéphilique affichée pas trop grassement et surtout avec les bonnes sources. Bien sur, si l'on reconnaitra encore un peu la touche maison via quelques gags pas efficaces du tout (Le Président des Etats-Unis jouant le thème du Flic de Beverly Hills sur un synthétiseur pour communiquer avec les aliens, parce qu'il n'arrive pas à reproduire celui de Rencontre du troisième type et deux ou trois autres trucs comme ça), le film privilégie une mise en place esthétique et référentielle convaincante.

En effet, un film qui lorgne à la fois vers les œuvres de la Hammer, L'attaque de la femme de 50 pieds, Le Blob, La créature du Lac Noir, Opération Tonnerre, La Mouche, Mission impossible, Mr Maggoo, Godzilla, le tout dans une atmosphère à la croisée des chemins des films fantastiques, d'espionnage et de science fiction des années 50/60 (au point d'utiliser des notes fantomatiques de thérémine) ne peut être que sympathique ! Et si effectivement, tout ça, on l'a déjà un peu vu dans le film de Brad Bird, au point de lui piquer quelques inspirations musicales et designs graphiques, ce n'est franchement pas grave. Entre la fameuse première rencontre, une seconde séquence dans un QG souterrain où les monstres font connaissance, ainsi qu'une troisième prenant la forme d'une énorme scène d'action dans les rues de San Francisco s'achevant sur la destruction totale du Golden Gate, on a enfin la sensation d'assister à un vrai bon gros spectacle familial, généreux et inspiré. 20 minutes qui nous ont mis l'eau à la bouche avec l'espoir de nous faire patienter jusqu'à la mise en chantier des Indestructibles 2. Ce n'est pas rien !

Sortie cinéma 2D et 3D : 1er Avril 2009