La cinquième journée du festival aura surtout été marquée par la présentation de Vengeance de Johnnie To et avec Johnny Halliday, en compétition officielle, et par celle de Agora de Alejandro Amenabar (Les Autres, Ouvre les yeux) avec Rachel Weisz. Du côté de la Semaine de la critique, cette journée était marquée par la présentation de Lascars, l'hilarant dessin-animé français prévu dans les salles le 17 Juin prochain et dont nous vous avons d'ores et déjà proposé la critique complète.

Pour tout ce programme et bien plus encore (les réactions à Antichrist de Lars Von Trier, l'interview de Bong Joon-Ho, réalisateur de Mother, les réactions à Kinatay), il vous suffit de lancer la vidéo ci-dessous.

Quant à nos avis, nous vous en livrons trois, sur Vengeance, Agora et Dead Snow, juste en-dessous.

VENGEANCE

Présenté en compétition à Cannes, Vengeance était bien sûr ultra attendu : la cote de Johnnie To ne cesse de grimper depuis des années, Johnny Hallyday a déjà prouvé être un bon acteur et le mélange des deux s'annonçait explosif. Et pourtant, force est de constater qu'il y a de quoi être déçu. A partir d'un scénario très simple (la famille de sa fille s'est fait assassiner, il va les venger), Johnnie To livre un polar hongkongais conventionnel, moins audacieux qu'il aurait pu l'être (sans doute par volonté de s'ouvrir à l'occident), enchaînant certes des scènes d'action reposant sur des concepts différents mais sans grande originalité pour qui a déjà vu 2-3 polars de Hong Kong dans sa vie. Rajoutons une seconde partie beaucoup plus fade et un involontaire dialogue final hilarant (« This is your jacket ! »), et ce polar teinté de Memento nous laisse grandement sur notre faim.

AGORA

Présenté Hors Compétition, le péplum historique Agora d'Alejandro Amenabar a fait sensation. L'histoire nous emmène en Alexandrie au IVe siècle après JC, alors que l'équilibre entre les différentes communautés religieuses est en train de vaciller. A travers l'histoire de la philosophe et astrophysicienne Hypathie, superbement incarnée par Rachel Weisz, Amenabar nous plonge dans une ambiance chaotique et délivre une charge explicite contre l'obscurantisme religieux. Mettant en parallèle le chaos engendré par les conflits entre communautés et les recherches philosophiques d'Hypathie, Agora frappe par l'intelligence, la richesse et la maturité de son propos, auquel il faut ajouter une dimension féministe particulièrement pertinente. La mise en scène classieuse d'Amenabar s'accompagne en outre d'une direction artistique et d'une photographie à couper le souffle et l'on ressort de la projection avec des images plein la tête. Une claque à ne manquer sous aucun prétexte.

DEAD SNOW

Du côté du Marché du Film, nous avons enfin pu jeter un coup d'œil au film norvégien Dead Snow de Tommy Wirkola dont nous vous avions parlé à plusieurs reprises. La bonne nouvelle est que le film est largement à la hauteur de sa bande-annonce. L'histoire débute un peu à la manière de Cold Prey, c'est-à-dire classiquement puisqu'elle met en scène une bande de jeunes venus passer des vacances dans les montagnes enneigées et qui se retrouvent acculés dans une cabane, avant d'apprendre qu'une horde de créatures zombiesques issues d'une unité nazie disparue 50 ans plus tôt rôde dans les environs. A partir de ce pitch délirant, Wirkola délivre un survival doté d'un vrai suspense mais rythmé par des séquences gore absolument hilarantes. Il faut les voir, ces zombies nazis, grognant et courant avec leurs uniformes de la Seconde Guerre Mondiale, écartelant les corps et déchiquetant les boyaux de leurs victimes. Il est rare de voir autant de sang gicler à l'écran. Le mélange de massacre et d'humour décalé fonctionne du tonnerre grâce à une mise en scène énergique qui dévoile progressivement ses cartes, pour atteindre une hystérie collective réjouissante dans son climax. Excellent.